Tu veux dire: travailler sans être payé ? Sans recevoir d'argent en échange ? Non merci…pas pour moi. J'ai des factures à payer, des paiements à
faire. Si je travaille, ce ne sera que
pour de l'argent. Rien d'autre. J'ai bien mieux à faire !! Et puis, qu'est-ce que je pourrais bien faire
? Aider les autres ? Pourquoi ?
Je n'ai pas besoin d'aide, moi.
Je me débrouille tout seul.
Pourquoi les autres n'en font-ils pas autant ?
À l'heure où l'argent mène tout et où l'individualité est la
norme, il est vrai que faire du bénévolat peut paraître dépassé. Le bénévolat est même, dans la croyance
populaire, relégué aux personnes âgées ou aux personnes à la retraite. Pourtant, ils sont nombreux les gens actifs,
professionnellement parlant, et qui font aussi du bénévolat. J'en ai croisé plusieurs. C'est juste qu'on ne les voit pas, qu'on ne
les entend pas. Ils œuvrent à l'abri des
caméras, ils ne font pas la une des journaux.
Le bénévolat est d'abord et avant tout une démarche toute personnelle. Demandez à chaque personne qui fait du
bénévolat ce qu'il en retire. Certains
vous répondront, d'autres garderont leurs réponses pour eux, les raisons étant
parfois très personnelles. Une chose est
sûre, vous aurez presque autant de réponses différentes qu'il peut y avoir de
bénévoles. C'est ce qu'on appelle le
salaire du bénévole. Le salaire du
bénévole est quelque chose de très particulier puisqu'il se trouve en
nous. Il n'a pas de forme car il est
différent pour chacun de nous. Il prend
la forme qu'on veut bien lui donner. Il
se veut à la fois, apaisant, valorisant, enrichissant, amusant, émouvant,
bienfaisant, rassurant, enthousiasmant, marquant. En fait, peu importe ce qu'on y cherche, on
le trouvera. Et parfois, on trouve aussi
autre chose qu'on aurait jamais pensé trouver.
Et le plus beau dans tout ça ? On
a le plein contrôle sur nos augmentations de salaire. On peut s'en donner tant qu'on en veut. Je vous mets en garde par contre, on peut
devenir accroc au bénévolat et développer une certaine accoutumance.
Un soir, j'écoutais l'émission Unité 9 à la télévision et on
y parlait d'un centre pour les jeunes en difficulté. Dans ce centre, on y dispensait des thérapies
où le cheval était partie intégrante de celle-ci. Pour moi, ce fut une véritable
révélation. J'ai alors su que je voulais
m' impliquer dans un organisme qui dispense ce genre de thérapie, d'une manière
ou d'une autre. Après quelques
recherches sur internet, je suis tombé sur le site d'Équi-Sens et comble du
bonheur, ils avaient besoin de bénévoles pour effectuer toutes sortes de
tâches. Tout ceci m'a emballé. J'ai contacté la directrice et je me suis
alors inscrit à la clinique de bénévoles.
C'est comme ça que tout a commencé.
Un samedi matin du mois de mars, je me suis donc présenté à l'écurie,
accompagné de France, bien décidé à
sauver le monde. Je me suis alors rendu
compte que ce que je connaissais des chevaux n'était qu'une goutte d'eau dans
l'océan et que les mots autisme, dyspraxie, dysphasie ne représentaient que des
concepts théoriques dans mon esprit et que j'en avais beaucoup à apprendre. Malgré mes craintes et mes inquiétudes, je me suis engagé à donner de mon temps tous les samedi et ce
pour une durée de 10 semaines. 10
semaines, c'est pas si long quand on y pense et si je n'aime pas ça, je n'aurai
qu'à ne plus revenir par la suite.
Finalement, un certain samedi, c'est le grand jour. La première semaine de cours. On se présente à l'écurie, confiant. Au bout de 10 minutes, je me rends compte que
j'ai oublié presque tout ce qu'on m'a dit à la formation. Chantal, la directrice, nous rafraichit la
mémoire, patiemment. Je dois alors
sortir Kéfir de son box. Je suis
terrifié. Un cheval au loin dans la
prairie, c'est tellement beau . Dans son
box, c'est toute autre chose. C'est
gros, ça pue et ça mord aussi (parlez en à France qui s'est fait mordre le jour
de la formation). Malgré tout, la
première journée se déroule bien et malgré une bonne frousse, gracieuseté de
Gaïa, je suis quand même satisfait de moi-même.
Tout au long de ses 10 semaines, j'ai eu l'occasion de rencontrer des
parents sympathiques et des enfants attachants, de mieux connaître chaque
cheval (mon amour pour Polly n'est plus un secret pour personne) et d'en
apprendre un peu plus sur l'équithérapie, un domaine qui me passionne. J'ai été témoin de petits et de grands
miracles, de petits et de grands pas, franchis par ces enfants au courage et à
la ténacité indéniable, de petites et de grandes joies. J'ai vu des enfants avoir peur, être
déçus. Je les ai vu aussi sourire et
être fiers d'eux. J'ai vu des petites
défaites, des grandes victoires.
L'équithérapie est un cheminement.
Et comme dans tout bon cheminement, il y a des hauts, il y a des
bas. Mais au bout du compte, tous en
sortent grandis. C'est pourquoi j'en
suis à ma 2e année de bénévolat chez Équi-Sens.
Ça n'a pas toujours été facile. Il y a eu de bons moments. Il y en a eu d'autres, plus difficiles. Il y a eu aussi du changement, il a fallu
nous adapter. Malgré tout je continue
car au-delà de tout ça, j'ai appris, j'ai compris. Étonnamment, j'en ai appris beaucoup sur moi,
je me suis amélioré. J'ai sûrement aidé
quelques personnes, adultes et enfants.
J'ai sûrement fait une petite différence dans la vie de quelques
uns. Mais par-dessus tout, je me suis
aussi beaucoup aidé, j'ai appris à me connaître un peu mieux. C'est ce que je suis venu chercher ici. C'est mon salaire de bénévole.