lundi 26 août 2013

Terreur dans la nuit

Elle revenait la hanter tous les soirs. Vers 23:00. Tous les soirs, la même rengaine. L'anxiété gagnait Louise et ne relâchait son emprise que le lendemain, au lever du soleil. Battements de cœur saccadés, sueurs froides, tremblements faisaient maintenant partie de ses nuits et ces symptômes revenaient sans cesse, inlassablement. Depuis que Raymond, son mari, avait accepté un poste de gardien de nuit dans une usine de l'est de la ville, à 5 minutes de chez lui, elle redoutait toujours le moment de son départ. Le moment où il la laissait seul dans cette grande maison de 3 étages, devenues trop grandes pour eux depuis le départ des enfants et la mort de Biscuit, le chien de la famille. Au début, ce n'était qu'une peur passagère. Comme un enfant qui craint la présence d'un monstre sous son lit. Elle finissait par s'endormir et le lendemain matin, lorsqu'elle se réveillait, Louise se rendait bien compte qu'elle avait eu peur pour rien.

Puis, Monique, la voisine d'en face lui raconta la mésaventure d'Armand, le vieillard au dos courbé, qui habitait seul la maison verte sur le coin de la rue. Armand avait été attaqué par deux jeunes voyous masqués qui s'étaient introduits par effraction dans sa maison. Il dormait profondément dans sa chambre, au rez-de-chaussée, lorsque les voyous s'étaient introduits par une fenêtre du sous-sol. Sans que l'on en connaisse la raison précise, les 2 voyous s'étaient attaqués au vieillard le rouant de coups au visage, dans le dos, dans le ventre et dans les côtes. Le vieillard avait été retrouvé 2 jours plus tard par le jeune camelot, inconscient par terre sur le plancher de sa chambre. Et aujourd'hui, un mois après l'attaque, le vieillard ne s'en était pas encore remis, souffrant de contusions graves et de pertes de mémoire, résultat direct des coups portés à la tête.

Depuis, Louise ne dormait plus. Elle en était incapable. Dès que Raymond quittait leur logis pour aller faire son quart de nuit à l'usine, elle s'étendait sur son lit et, inquiète, écoutait tous les bruits provenant de l'intérieur et de l'extérieur de la maison. Or ce soir-là, il était 23:00 et Raymond s'apprêtait à partir. Comme d'habitude, elle le reconduisit à la porte, l'embrassa et lui souhaita une bonne nuit de travail. Puis, elle refermât et verrouilla la porte derrière lui. Elle refaisait tous les soirs le même manège car avec le temps, la serrure du loquet de la porte s'était usé, ce qui le rendait difficile à verrouiller de l'extérieur. Louise tenait absolument à vérifier que la porte était bien barrée. Elle monta à l'étage, enleva sa robe de chambre et s'étendit sur le lit, somnolente.

Au beau milieu de la nuit, vers 2:00, un bruit provenant du rez-de-chaussée la tira de sa somnolence. Elle se releva dans le lit, scrutant l'obscurité et essayant de percevoir le moindre bruit. Elle entendit ce qu'elle crut être des pas sur le balcon. Presque inaudible. Comme si quelqu'un marchait sur la pointe des pieds. Elle se leva d'un bond et souleva le matelas. Elle chercha à tâtons dans la noirceur et mit la main sur le canon froid de la carabine de chasse de Raymond. Après qu'elle eut vérifié qu'une balle se trouvait dans le chargeur, elle descendit l'escalier qui la menait au rez-de-chaussée dans la noirceur la plus complète. Des gouttes de sueur perlait sur son front, ses mains étaient moites et elle sentait dans ses tempes, son cœur qui battait la chamade. Tout à coup, par la fenêtre de la porte, elle vit une ombre bouger. Elle releva le fusil avec son avant-bras, prête à faire feu et saisit le téléphone de sa main libre, pour appeler son mari. Un coup de sonnerie, deux coups, l'inconnu sur le balcon s'en prenait maintenant à la serrure, trois coups toujours pas de réponse, elle vit le verrou tourner lentement, elle sut donc que l'inconnu avait déverrouillé la porte. N'y tenant plus et rongée par l'angoisse en repensant au vieillard sur le coin de la rue, elle tira un coup de carabine à travers la porte d'entrée. Une partie de la porte vola en éclat et l'inconnu s'écroula sur le balcon. "Poste de garde, Germain à l'appareil" dit une voix en décrochant le téléphone, "Est-ce que Raymond est là ??" lui dit Louise la voix tremblotante. "Non, il vient de quitter pour retourner à la maison à cause d'une migraine, je peux vous aider ??". Un long moment s'écoula. "Allo Madame ?? Allo ???".

1 commentaire:

Jacques Thibault a dit...

Tu as ce qu'il faut pour écrire des romans cher ami ! C'est très bien écrit, et très accrocheur. Je ne suis pas amateur de romans mais là tu m'as eu car je ne pouvais m'arrêter de lire... Bravo !